Propositions
Governance and responsibility: proposals for human and solidary development Intégration financière régionale en Amérique Latine
Détails de la proposition
Contexte

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1. Introduction

 

Ce document de travail sera présenté par Latindadd dans le cadre du Colloque Gouvernance et Responsabilité : propositions pour un développement humain et solidaire que le CCFD- Terre Solidaire organise les 8 et 9 décembre 2011.

 

Ce document a trois objectifs : exposer le point de vue de Latindadd sur les questions d’intégration financière régionale, recueillir des informations pertinentes pour continuer d’alimenter et d’approfondir le débat sur la question, et enfin, présenter quelques initiatives concrètes actuellement mises en œuvre sur cette question dans la région.

 

Ce document ne prétend pas aborder toute la complexité du débat sur l’intégration (la littérature sur ce sujet est abondante, et ce document ne prétend pas en faire la synthèse), ni émettre des propositions techniques. Nous cherchons plutôt à définir des orientations politiques que l’intégration régionale en Amérique Latine devrait suivre. Ces dernières répondent et traduisent d’une façon ou d’une autre l’analyse et le débat politique qui se tient en Amérique latine sur la crise internationale actuelle.

 

2. Contexte

 

a. La scène politique internationale

 

L’impact de la crise financière internationale est allé bien au-delà, en termes d’envergure et de durée, des prévisions initiales des décideurs du monde. Cela se traduit dans les crises financières et budgétaires qui touchent de nombreux pays industrialisés de l’Union Européenne et les Etats Unis, avec des niveaux d’endettement bien supérieurs à ceux des pays en voie de développement, qui fragilisent leurs économies et leurs capacités de paiement et les rendent plus vulnérables face aux attaques spéculatives.

 

L’Amérique latine observe avec inquiétude les solutions adoptées par l’Europe. En effet, les politiques d’ajustement mises en œuvre sont connues des pays du sud qui en ont déjà subi les effets : récession, repli de la consommation et effondrement des recettes fiscales. Or, cette solution ne contribue pas à réduire la dette ni les problèmes financiers. Au contraire, elle entraîne des difficultés de paiement, prolonge la récession et ravive les conflits sociaux. En outre, une récession dans les pays industrialisés aura des conséquences néfastes sur la demande mondiale, notamment sur le commerce et les investissements. C’est une perspective pour le moins inquiétante.

 

Le G20 n’a aucune volonté politique de réglementer efficacement le secteur financier et notamment le marché des matières premières (commodities). Cela a un impact direct sur l’augmentation des prix des produits alimentaires et donc sur tous les pays importateurs nets.

 

En bref, cette situation révèle que la corrélation des forces mondiales est en train de changer et qu’il faut la réajuster. Les grands pays émergents sont ceux qui affichent des excédents et soutiennent les déficits des pays industrialisés. Mais cette situation est insoutenable sur le long terme. Qu’il s’agisse du court ou du moyen terme, une réforme du système monétaire international s’impose, d’autant plus que la confiance à l’égard du dollar se réduit progressivement à l’échelle mondiale et que l’euro, avec toutes des difficultés, ne se positionnera pas comme une monnaie de référence. La Chine a commencé en août à vendre une partie de ses réserves, une quantité insignifiante par rapport à ce qu’elle possède, mais qui, comparativement équivaut à la totalité des réserves internationales du Pérou. Cela traduit peut-être une tendance, dont de nombreux analystes parlent déjà, qui serait celle de se défaire des réserves internationales en dollars avant qu’une véritable dépréciation ne les rende inutiles, ce qui précipiterait le processus de dépréciation du billet vert.

 

Le panorama mondial s’annonce compliqué et il est probable que ces décisions (ou ce manque de décision) provoque une recrudescence de la crise et une récession durable qui frapperait les pays les moins développés qui n’ont pourtant rien fait pour la provoquer. Les pays du G20 ont investi des capitaux pour aider les banques, mais n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’adoption de mesures politiques plus poussées en vue de réformer le système dans son ensemble. En définitive, les solutions apportées sont superficielles et incapables de résoudre le problème structurel qui est à l’origine de la crise.

 

b. La scène régionale

 

En Amérique Latine les impacts de la crise se traduisent à trois niveaux : le commerce, la finance et l’entrée de devises. Aux Etats Unis, la faillite de grandes banques a freiné le crédit interbancaire et le crédit commercial indispensables à l’exportation (cartes de crédits, etc.). L’onde de choc qui s’en est suivi a frappé le commerce avec les Etats-Unis et/ou l’Union Européenne mais aussi le commerce entre les pays de la région puisque les transactions interrégionales se font aussi en dollars et passent par les institutions financières aux Etats Unis. Une autre conséquence a été la contraction de la demande des pays industrialisés dont les importations ont baissées. De même, dans de nombreux cas (essentiellement en Amérique Centrale, en Equateur) les migrants ont réduit leurs envois de devises.

 

Cependant, les effets macroéconomiques de la crise n’ont pas été les mêmes dans les différents pays de la région. Par exemple, le Mexique qui entretient d’importantes relations commerciales avec les pays industrialisés a subi la crise de plein fouet et sa croissance s’est brusquement arrêtée.

 

L’Amérique du Sud, en revanche a beaucoup moins souffert, pour deux raisons : d’une part, grâce à son modèle de production, le cours des matières premières (qui représentent la majorité de sa production et de ses exportations) a baissé dans un premier temps avant de rebondir. Dans le contexte d’incertitude actuelle, elles sont devenues une valeur refuge : les minéraux (or, argent, cuivre) ont été concernés dans un premier temps et c’est aujourd’hui l’ensemble des matières premières qui sont devenues des valeurs refuge. C’est ce qui permet un maintien des prix, voire une cotation à la hausse.

 

D’autre parte, lors de la poussée néolibérale des années 1990, les pays de la région ont été contraints d’accumuler des réserves internationales (au détriment des dépenses sociales) et de réduire leur déficit ; la région est devenue moins vulnérable sur le plan macroéconomique et a pu de ce fait disposer des ressources nécessaires pour mettre en œuvre des politiques anticycliques qui ont permis de compenser, d’une certaine manière, l’impact de la baisse de la demande dans les pays industrialisés.

 

Il est aussi évident que l’évolution des structures commerciales de la région a modifié l’impact de la crise. Les pays qui ont diversifié leurs marchés d’exportation ont mieux résisté à la crise. Pour plusieurs pays d’Amérique du Sud, les États Unis et l’Europe ne sont plus le principal débouché de leurs exportations alors que le rôle de l’Asie s’est considérablement accru. Par ailleurs, les pays qui avaient consolidé leurs marchés interrégionaux s’en sont mieux sortis, c’est le cas de l’Amérique Centrale dont les exportations n’ont chuté que de 6,2 %1.

 

Cependant, la fin de la crise n’étant pas proche, elle entraînera tôt ou tard une récession mondiale qui touchera la demande des pays industrialisés, portera atteinte à nos exportations et fera sans doute baisser le prix des matières premières. De plus, les transactions se faisant en dollars, cela aura également un impact sur le commerce interrégional qui a une valeur ajoutée plus importante et qui joue un rôle crucial dans la création d’emploi au sein de la région.

 

C’est pourquoi il est important de commencer à analyser les mesures à prendre sur le long terme. Les réserves internationales de la région sont considérables et ont permis d’avoir un grande marge de manœuvre pour contrecarrer les problèmes de taux de change, mais elles sont minimes par rapport aux flux des grands capitaux en période de crise (ou même en comparaison avec les réserves de pays comme la Chine). En outre, étant donné que nous ne pouvons en disposer en toute liberté, elles ne servent qu’à entretenir le déficit des pays industrialisés à faible coût et, avec la dépréciation du dollar, il est probable que l’épargne régionale se dévalorise de plus en plus (et serve de moins en moins).

 

Nous devons donc profiter de ce moment riche en dialogue et en débats pour instaurer des conditions différentes et créer un système financier régional qui permette de mettre en valeur nos ressources et de les utiliser pour promouvoir de meilleures conditions de développement.

 

 

Propositions et résumés

Index

  • 1. Introduction
  • 2. Contexte
    • a. La scène internationale
    • b. La scène régionale
  • 3. L’Intégration régionale
  • 4. Proposition d’intégration financière en Amérique Latine
  • 5. Le dialogue dans la région : synthèse des propositions en cours d’application
    • a. Unasur (Union de Nations Sud américaines)
    • b. Banque de développement
    • c. Fonds de réserve
    • d. Unité de compte
  • 6. Propositions complémentaires des organisations sociales
    • a. Régulation financière
    • b. Tribunal d’arbitrage
  • 7. Les scénarios à venir

 

 

 

 

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