- InformationRio+20 offre l''opportunité de produire de nouvelles propositions pour concevoir et organiser la transition vers des sociétés durables. Cette rubrique tentera de les regrouper systématiquement au fur et à mesure de l''avancée du processus.
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03 février 2012
Espace rural petites et moyennes collectivités et gouvernance mondiale
Détails de la proposition
ContexteÉgalement disponible en English, Español
Introduction
Les enjeux induits par la « métropolisation » sur l’espace rural et les petites et moyennes collectivités (PMC)
Le monde actuel est marqué par quatre grandes tendances :
- un accroissement de la population mondiale, qui devrait se poursuivre jusqu’en 2050 pour culminer à 9,5 milliards d’habitants. Cet accroissement sera particulièrement fort en ville. En 2007, la population urbaine est d’ailleurs devenue, pour la première fois dans l’histoire, plus importante que la population rurale et l’on prévoit que cet écart va s’accentuer ;
- dans un grand nombre de cas, les villes se développent sur les terres les plus fertiles et cette urbanisation est fortement littorale : elle se concentre au bord de la mer ou de très grands fleuves ;
- les problèmes d’eau et d’énergie vont aller en augmentant, à la fois du fait de la croissance démographique, mais également en raison du réchauffement climatique ;
- l’approvisionnement alimentaire des populations pauvres de ces villes soulève des problèmes, comme l’a illustré la récente crise alimentaire.
L’humanité semble devoir faire face non seulement à une urbanisation sans précédent, mais encore au développement de grandes métropoles, mégalopoles et, plus généralement, de conurbations regroupant plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions d’habitants. Si, historiquement, les grands pôles urbains ont toujours exercé une forte influence, tant économique que sociale, politique ou culturelle, sur les campagnes et sur les villes de moindre dimension, ce poids sera d’autant plus considérable que la majorité de la population mondiale sera urbaine, et même méga-urbaine si l’on peut désigner ainsi le fait qu’elle vivra dans des mégapoles.
Si, par le passé, il a pu exister des civilisations presque exclusivement rurales, cela semble inconcevable aujourd’hui, et a fortiori demain. Le monde rural et les PMC, volens nolens, trouveront leur place et leur chemin en complémentarité du monde urbain. Au reste, les populations urbaines sont massivement constituées – et même très majoritairement si l’on remonte à deux ou trois générations – de ruraux.
Délimitation du champ de l’espace rural et des PMC
Comment définir l’espace rural, les petites et moyennes collectivités et la population qui les occupe ? Le concept d’espace rural se définit à la fois par contraste par rapport aux espaces sauvages et par rapport aux espaces urbains.
Par rapport aux espaces sauvages, l’espace rural est un espace géré par l’homme de manière relativement intensive. « De manière relativement intensive », car désormais les espaces sauvages font eux-mêmes l’objet d’une « gestion ». Il nous faut donc admettre une limite floue. Mais on comprend bien qu’il s’agit d’un espace peuplé de manière sédentaire et dont chaque parcelle a un propriétaire (individu, collectivité) ou un gestionnaire qui y exerce généralement une activité socio-économique. C’est en cela que l’espace rural s’oppose aux grands territoires « naturels » ou « sauvages » très faiblement peuplés.
Si la limite entre l’espace sauvage et l’espace rural pose déjà problème, la limite entre l’espace rural et l’espace urbain relève de la pure convention. En effet, à partir de quelle taille une agglomération passe-t-elle du hameau au village, du village au bourg, du bourg à la petite ville, de la petite ville à la moyenne, de la moyenne à la grande et de la grande à la mégalopole ? En Inde, il est courant d’appeler villages des agglomérations de 8 000 à 10 000 habitants, considérées comme des villes en Europe. Toutefois, il est clair qu’à partir d’une certaine taille, l’agglomération devient si grande que les relations entre son centre et la campagne environnante deviennent plus ténues, voire nulles. Au moins dans l’imaginaire des habitants.
Car il en va tout autrement de l’approvisionnement, et surtout des déchets : l’habitant d’une métropole peut ignorer l’espace rural, il n’en reste pas moins vital pour la métropole. Mais, en effet, pour les habitants de bien des grandes agglomérations, la notion de « campagne environnante » n’a plus guère de sens. L’agglomération devient alors un monde en soi, dont les habitants ne fréquentent plus les marges rurales de leur conurbation, marges qu’ils n’ont peut-être jamais fréquentées du reste, puisqu’ils sont souvent des migrants et des descendants de migrants venus de régions lointaines. S’il leur arrive de retourner à la campagne, c’est donc souvent fort loin, dans leur village d’origine. Parallèlement, les besoins de ces agglomérations deviennent tels que leurs arrière-pays ne peuvent leur suffire. Pour prospérer, elles s’inscrivent dans des échanges lointains qui dissolvent encore plus leur lien avec l’espace rural proche.
Mais alors, où placer la limite entre le rural et les PMC d’une part, et l’urbain au sens où nous venons de le définir ? Approximativement, entre 20 000 et 100 000 habitants selon les moyens techniques de transport et de conservation. On admettra donc par la suite que l’espace rural et les PMC comprennent les agglomérations qui, du fait de leur taille moyenne et de la nature de leur activité, ne sont pas des « métropoles » et demeurent extrêmement liées à leur territoire environnant. Si l’on veut à tout prix donner une limite stricte, convenons de la placer à 30 000 habitants, en reconnaissant toutefois le caractère arbitraire de cette limite.
Ainsi entendus, espace rural et PMC constituent un ensemble qui comprend aussi bien des espaces forestiers, dès lors que ceux-ci font l’objet d’une gestion, des espaces agricoles, que des agglomérations. C’est dire si ces espaces offrent une grande diversité de situations, allant de zones en déclin à des zones prospères, de zones extrêmement peu denses, voire menacées d’abandon, à des zones extrêmement denses et actives possédant un maillage d’agglomérations et d’activités, voire de collectivités passées dans l’orbite de grandes agglomérations et partiellement satellisées d’un point de vue économique, culturel et, éventuellement, politique.
Ce qui fait l’unité de toutes ces zones, c’est qu’elles sont confrontées à une série de défis communs :
- gérer par l’agriculture, la sylviculture, l’aquaculture d’eau douce des « écosystèmes artificialisés », afin de produire alimentation et matières premières, et ce de manière durable sur le plan écologique ;
- maintenir face au développement des métropoles une certaine autonomie culturelle, politique, démographique et économique ;
- et, de plus en plus, fournir de nouveaux services d’intérêt général, tels que la contribution à l’équilibre climatique, l’épuration de l’eau.
C’est pourquoi on peut distinguer un certain nombre de « problématiques » ou de fonctionnalités :
- la question de leurs capacités politiques et culturelles ;
- la question de la production de ressources économiques (alimentation, carburant, textile) ;
- la question de la protection des ressources naturelles vitales (eau, sol, biodiversité).
Le choix a été fait de classer les propositions qui suivent en fonction de ces trois catégories de préoccupations.
Et la métropole durable ?
Il est évident qu’une prospérité durable de l’espace rural sera d’autant plus aisée à atteindre que l’espace urbain connaîtra lui-même un développement harmonieux. Or, celui-ci ne se fera pas si la croissance est trop rapide. Un développement harmonieux des métropoles implique donc que l’espace rural conserve une attractivité. En outre, il est clair que l’extrême dépendance économique et biologique des agglomérations à l’égard des espaces ruraux oblige à un développement concerté et à repenser la nature des échanges entre l’agglomération et l’espace rural. La « métropolisation » des populations invite donc à imaginer une nouvelle ruralité attractive et complémentaire du développement urbain.
Propositions et résumés
Sommaire
- Introduction
- Les enjeux induits par la « métropolisation » sur l’espace rural et les petites et moyennes collectivités (PMC)
- Délimitation du champ de l’espace rural et des PMC
- Et la métropole durable ?
- Propositions
- 1. Maintenir les capacités politiques et culturelles
- Proposition 1 - Renforcer la démocratie locale
- Proposition 2 - Monnaie et crédit local
- Proposition 3 - Décentraliser les lieux de formation et de décision
- Proposition 4 - Renforcer les régies territoriales
- Proposition 5 - Faciliter les échanges entre ruraux
- Proposition 6 - Valoriser les compétences et soutenir l’éducation populaire rurale
- Proposition 7 - Maintenir le maillage des villes moyennes
- Proposition 8 - Renforcer la vie culturelle locale
- 2. Produire des ressources
- Proposition 9 - Une politique agricole stabilisatrice
- Proposition 10 - Faciliter l’information sur les marchés
- Proposition 11 - Modifier le modèle foncier
- Proposition 12 - Sélection mutualiste des semences
- Proposition 13 - Favoriser l’installation en milieu rural
- Proposition 14 - Énergie et matière organique
- 3. Protéger les ressources naturelles vitales
- Proposition 15 - Une fiscalité écologique
- Proposition 16 - Une politique forestière énergique
- Proposition 17 - Soutenir l’agroforesterie
- Proposition 18 - Stopper l’urbanisation des meilleures terres
- Proposition 19 - Inverser la logique des marchés de gaz à effet de serre
Actores Paysans et producteurs
Axes
Droits de l'homme, Peuples, territoires et défense de la Terre-Mère ◾ Production, distribution et consommation: accès aux richesses, biens communs et économie de transition
Régions
Monde