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03 novembre 2011
Les peuples d’abord, pas la finance : Appel à la mobilisation face au G20 de Cannes
Les 3 et 4 novembre 2011, le G20 se réunira à Cannes à l’invitation de la France
Le G20 est constitué des pays parmi les plus riches au mépris de tous les autres. Il s’est autoproclamé garant de la stabilité économique et financière mondiale au lendemain de la tempête financière de 2008, mais n’a en rien protégé les peuples de cette grande crise. Au contraire, il a permis le maintien de la dictature de la finance qui déploie son emprise sur tous les aspects de notre existence : logement, travail, éducation, agriculture, climat, retraites, connaissance, biodiversité…
Après le G8 de Deauville où les dirigeants des plus grandes puissances de la planète ont failli à proposer des mesures efficaces contre la crise et ses conséquences, tout montre que les dirigeants du G20, pour « regagner la confiance des marchés », n’apporteront pas les réponses pour contrer les acteurs et les mécanismes à l’origine de la crise et vont faire payer la note aux citoyens. La dette publique est instrumentalisée pour imposer la destruction des services publics et détourner la richesse vers les rentiers. Il ne s’agit pas de sortir de la crise, mais de porter des attaques contre les conquêtes sociales en imposant des plans d’austérité draconiens.
Face à la crise mondiale, à ses effets dévastateurs et à l’incurie des propositions issues jusqu’ici du G8 et du G20, nous refusons de laisser aux puissants le droit d’imposer leurs solutions à des crises qu’ils ont engendrées.
Nous savons que des réponses solidaires et démocratiques à la crise mondiale ne viendront pas des dirigeants des pays les plus riches, mais des peuples eux-mêmes.
Nos mouvements font la démonstration par leurs pratiques et leurs propositions que des voies alternatives existent. L’accès de tous aux droits humains fondamentaux et la protection de notre planète passent par un juste partage des richesses, d’autres modes de développement et une gestion démocratique des biens communs.
Après les manifestations du Havre face au G8 en mai 2011, avant les conférences de Durban sur le changement climatique et de Rio sur développement durable, en lien avec les mouvements de démocratisation et de solidarité, de résistance à l’austérité, de conquête des droits partout dans le monde, nous recherchons la convergence et la continuité des mobilisations citoyennes.
C’est pourquoi, à l’occasion de la tenue du sommet du G20 à Cannes, nous appelons au rassemblement des mouvements, réseaux et organisations pour la convergence des résistances : luttes contre l’opacité et la dérégulation de la finance et pour la transparence, contre les dettes illégitimes au Nord comme au Sud et pour leur audit et annulation, contre les politiques d’austérité et pour les services publics, contre les fausses solutions au changement climatique et pour des modes de production et de consommation qui préservent la planète, contre la précarité et pour un travail décent, contre la spéculation sur les matières premières et pour la souveraineté alimentaire, contre les dictatures, la militarisation et le colonialisme et pour les droits démocratiques des peuples…
A partir du 1er novembre, nous serons à Nice pour débattre des alternatives et afficher nos propositions solidaires et démocratiques face au G20.
Les peuples d’abord, pas la finance !
Propositions clés portées au sein de la Coalition G8G20
1. Inégalités, austérité : y’en a marre !
Rendre les normes internationales environnementales et sociales existantes véritablement contraignantes, applicables à tous, en particulier aux multinationales, et assurer leur primeur dans la hiérarchie des normes internationales, plus particulièrement vis à vis du droit de l’investissement et du commerce.
Refuser l’instrumentalisation de la dette publique par les marchés, prétexte à la destruction des services publics et au détournement de la richesse.
Faire respecter le droit des filles et des femmes à l’éducation partout dans le monde, une des conditions fondamentales pour l’égalité femme – homme
2. La vie, pas la bourse
Taxer la finance : de manière immédiate, mettre en place une taxe sur les transactions financières obligatoire dans tous les États, afin de lutter contre la spéculation financière, financer la transition écologique et sociale de nos sociétés et le développement des pays du Sud
En finir avec les paradis fiscaux et l’opacité financière en obligeant les multinationales à une totale transparence sur l’ensemble des activités de leurs filiales dans le monde, et doter les institutions publiques de moyens de sanctions efficaces à l’égard de tous les territoires et entreprises qui manqueront à ces obligations.
Développer des formes de contrôle des activités des banques, notamment par la séparation stricte des secteurs de dépôt et des secteurs « investissement », et intégrer l’ensemble des parties prenantes (usagers, salarié-e-s, société civile) dans les instances de régulation du secteur.
3. Changer le système, pas la planète
Lutter effectivement contre le réchauffement climatique par une politique volontariste organisant une profonde transition énergétique, basée sur la baisse des consommations énergétiques, le développement des sources d’énergie renouvelables, et surtout par une réelle redistribution des richesses et le développement de services publics.
Définir un socle de biens communs universels, tels que l’eau, la biodiversité, la terre, la biosphère, doté d’un système réglementaire rendant notamment illicite la main mise des multinationales sur ceux ci
Développer aux différentes échelles (collectivités locales, États, régions du monde…) des politiques publiques visant à transformer des économies productivistes et énergivores vers de nouveaux modèles qui donnent la priorité au respect de la planète et des éco-systèmes et à la mise en œuvre des droits politiques, économiques, sociaux de tous.
4. Ne jouez pas avec notre nourriture
Défendre la souveraineté alimentaire et protéger l’agriculture paysanne et familiale respectueuse de l’environnement, en Europe et dans les pays du Sud, en particulier par un contrôle étroit des activités des multinationales du secteur agro-alimentaire, qui doivent respecter les instruments juridiques internationaux garantissant les droits écologiques et sociaux des populations.
Rétablir des mécanismes publics de stockage et de stabilisation des prix agricoles, afin de garantir un revenu stable aux agriculteurs et agricultrices et des prix raisonnables aux consommateurs
Rendre illégal l’accaparement de terre par les multinationales et les gouvernements, et mettre fin aux politiques de soutien aux cultures d’agrocarburants à grande échelle
5. Indignés, révoltés, solidarité
Consacrer les ressources publiques déployées au plan international au soutien des processus démocratiques, au renforcement de la société civile et à la participation des citoyens à la définition des priorités collectives ; l’argent public ne doit en aucun cas servir à la satisfaction des intérêts commerciaux et financiers des entreprises occidentales.
En finir définitivement avec le soutien aux dictatures, régimes autoritaires et autres gouvernements prédateurs, et rompre avec les politiques de guerre conduites au nom de la lutte contre le terrorisme et de la stabilité des affaires
Garantir la liberté de circulation des hommes et des femmes, et soutenir effectivement les solidarités qui se dessineront entre les sociétés civiles des deux rives de la Méditerranée
6. Ils sont 20, nous sommes des milliards
Replacer le G20, tout comme les G7 ou G8, sous la responsabilité des Nations Unies, et inscrire l’ensemble de ses travaux dans le cadre des règles et des instruments juridiques internationaux relatifs aux droits civils, politiques, sociaux, environnementaux et culturels.
S’engager dans une réforme en profondeur du cadre des Nations unies, seul système légitime d’institutions internationales reposant sur le droit, et seul à même de permettre à tous les États d’être acteurs à part entière des décisions internationales qui les concernent directement.
Définir des modes de décision et de mise en œuvre des politiques publiques qui associeront étroitement les populations concernées, dont le respect des droits sociaux et écologiques doit primer sur toute autre considération.
Détails de l'initiative
Documents joints