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31 octobre 2011
Rio+20 et le nouvel échiquier de la politique internationale
Article à paraître dans la revue Altermondes de novembre 2011 distribuée le 2 novembre 2011 en partenariat avec Libération. Traduction : Autres Brésils
La Conférence des Nations unies sur le développement durable (CNUDD), qui se tiendra en Juin 2012, apporte dans son escarcelle vingt ans d’une introduction plus vigoureuse du programme environnemental et de ce qu’on appelle le développement durable dans le système de gouvernance internationale de l’après-Guerre Froide – notamment par la création, en 1992, des trois principales conventions des Nations Unies sur la Désertification, la Biodiversité et le Changement climatique, ainsi que l’établissement de l’Agenda 21 et la Commission du développement durable (CDD).
Dans la proposition initiale, et d’après le script immédiat des autres conférences + de l’ONU, un des points du programme de Rio + 20 était l’évaluation des avancées de la mise en œuvre des accords de 1992, ses lacunes et faiblesses. Cependant, le bilan des deux dernières décennies a fini par se dissoudre dans l’objectif principal de la conférence qui serait d’obtenir « l’engagement international en faveur du développement durable »[1].
Cette dissolution est intentionnelle, dans le sens où une grande partie des pays d’une CDD vidée de sa substance ne veut pas évaluer leurs échecs et leur manque de volonté politique, ni avancer dans la résolution des grands problèmes qui ravagent l’humanité en ces temps de crise internationale. Il devient donc clair et limpide que la question environnementale est intrinsèquement liée aux dilemmes sociaux et économiques.
En conséquence, les deux grands thèmes de la Conférence sur lesquels les pays vont devoir se pencher afin de produire un document final soumis à l’adoption sont : l’économie verte et la structure institutionnelle. Le premier a été proposé par les pays développés à partir des demandes du marché financier international et des grandes entreprises, face au fait que le concept de développement durable se vide de sens. Son but est de légitimer la définition de développement et croissance verte, compatible avec le besoin conjoncturel de répertorier de nouveaux éléments capables de sauver le système capitaliste en crise et de donner un nouveau souffle à un modèle impraticable.
Le deuxième vise l’adéquation des structures multilatérales environnementales aux soi-disant « réalités et défis contemporains »[1], par le biais, par exemple, de la transformation du PNUE (Programme des Nations unies pour l’Environnement) en une agence de l’ONU spécialisée dans l’environnement, en même temps que la création d’une organisation environnementale mondiale qui serait une institution parapluie des politiques environnementales internationales, ou de la réforme de l’ECOSOC (Conseil économique et social des Nations unies) de façon à ce qu’elle place sur un pied d’égalité les trois piliers du développement durable – économique, social et environnemental –, consacrés pendant Rio92, alors que la pratique qui l’a suivi s’était centrée seulement sur l’économie. La proposition de création à ce moment précis d’une organisation environnementale mondiale est très inquiétante, dans le sens où cette organisation aurait pour objectif de structurer la gouvernance de l’économie verte, au lieu d’entrevoir, coordonner et mettre en place les politiques environnementales dans leur ensemble, ce qui avait déjà été proposé pendant Rio92.
Pour la société civile, Rio + 20 apporte de grandes opportunités du point de vue de la construction du mouvement. Le monde traverse en effet un moment complexe de corrélation de forces, fruit en partie de la fragmentation de luttes sociales diverses après deux décennies de conquêtes obtenues à travers les processus de « re-démocratisation » et les victoires populaires dans plusieurs pays en développement, notamment en Amérique Latine. Au même moment, on assiste à une nouvelle effervescence populaire dans les pays développés et dans les pays arabes, qui, d’un côté, expriment leur indignation face à la perte d’acquis sociaux conquis après les années 1930, et de l’autre, la résistance à un avenir opaque et sans perspective.
De cette brève analyse se dégagent d’autres moments qui peuvent indiquer un chemin susceptible de renforcer cette construction et la recherche d’alternatives viables face à la marchandisation de la vie et de la nature, qui impliquent les mobilisations pour la réunion du G20 financier, à Cannes, et la 17ème Conférence des parties de la CCNUCC (Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques) à Durban, en Afrique du Sud.
Ces deux moments seront les clés pour que les mouvements sociaux, les organisations sociales et la population en général puissent se retrouver, échanger des expériences, réfléchir à la conjoncture actuelle, donner de l’air aux luttes et aux idées et chercher des solutions aux différentes crises auxquelles nous faisons face mondialement ainsi qu’aux fausses réponses qui sont posées et incorporées par les gouvernements dans le monde entier. Occuper les rues et les espaces publics à ces dates clés partout dans le monde est primordial pour montrer la force populaire qui résiste encore et qui peut mener à des changements structurels du système.
Par Maureen Santos, analyste en relations internationales et chercheuse en science politique, elle assiste le Groupe de Justice environnementale et droits de la FASE et coordonne le groupe de travail Clima du Réseau brésilien pour l’intégration des peuples – REBRIP.
FASE – Solidarité et éducation : ONG brésilienne qui fête ses 50 ans en 2011. Membre du Groupe d’articulation du Comité de facilitation de la société civile brésilienne, qui organise le Sommet des peuples pour la justice environnementale et climatique, en parallèle à l’évènement officiel.
Notes :
[1] Cf le document du gouvernement brésilien “Processus de préparation du Brésil à la Conférence Rio+20”. Ministère des relations internationales. Juillet 2011.
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