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18 mai 2012
« L’avenir que nous voulons » est encore entre parenthèses
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La semaine dernière, les représentants des gouvernements n’ont pas réussi à atteindre un consensus sur « L’avenir que nous voulons », le plan d’action qu’ils visent à approuver le mois prochain lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio2012). Dans le deuxième cycle informel de négociations sur le document, tenu au siège de l’ONU à New York, il y a eu d’intenses débats et des différences entre les délégations, qui ont convenu de faire une autre réunion préparatoire de cinq jours.
Après deux semaines de négociations conclues moins de 50 jours avant le sommet de Rio de Janeiro, les représentants des gouvernements ont fixé la session extraordinaire du 29 mai au 2 juin, également à New York. La nouvelle réunion n’était pas prévue et a été proposée par le comité préparatoire de la conférence.
Au cours des délibérations du 23 avril au 4 mai, « outre des échanges divergents sur « l’économie verte » [...] il faut souligner des discussions sur le cadre d’action et le suivi de certains domaines tels que l’eau, l’énergie, l’agriculture et les objectifs de développement durable », a déclaré Meena Raman, du Réseau du Tiers-Monde (TWN).
Seuls 21 paragraphes du projet de plan d’action ont été convenus ad referendum (sans textes « entre parenthèses » mais soumis à l’approbation complète du document), tandis qu’il demeure encore des différences par rapport aux autres paragraphes, plus de 400.
Les principales différences entre les pays en développement et les pays industrialisés concernent les « principes et les caractéristiques » qui « devraient guider » les objectifs de développement durable, les « droits humains à l’eau potable propre et salubre et à l’assainissement », « l’accès aux services modernes d’énergie » et le « droit de tous à l’accès à l’alimentation sûre et nutritive, conformément au droit universel fondamental de ne pas avoir faim ».
De nombreux pays développés se sont opposés à mentionner l’alimentation ou l’eau comme des droits humains, malgré les accords conclus précédemment et par consensus à ce sujet dans des résolutions de l’ONU.
Le Groupe des 77 (G-77), qui représente 132 pays en développement et la Chine, a appuyé les 19 « principes et caractéristiques » par lesquels les objectifs de développement durable « devraient être guidés ». Par contre, le Canada, les États-Unis, la Norvège et la Suisse ont proposé, par exemple, de supprimer le « principe de responsabilités communes mais différenciées ».
Les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne (UE) prétendaient également supprimer le principe relatif à contribuer à consacrer « le droit au développement et à atteindre l’équité à tous les niveaux », soutenu aussi par le G-77. La Suisse voulait supprimer les références au développement et à l’équité en tant que « droits », et ajouter l’adjectif « durable » au mot « développement ».
À propos de « l’économie verte »
Les différences sur le concept d’ « économie verte » sont aussi devenues évidentes. L’UE l’a considéré un « outil fondamental » pour parvenir au développement durable, et a exprimé son malaise parce que « certains paragraphes du projet ne mentionnait pas » ces mots, ou qu’à leur place il y avait « seulement des références au développement durable », d’après le rapport de Raman.
« En réponse à l’UE, le G-77 a dit que de nombreux pays en développement ne savaient même pas ce que « c’était l’économie verte et n’ont jamais utilisé un tel outil avant », a ajouté l’experte.
Les « délégués ont exprimé leur consternation et frustration face au manque de progrès », a dit l’un des co-présidents du Comité préparatoire de Rio2012, l’ambassadeur sud-coréen Kim Sook, après le cycle de négociations.
Zeenat Niazi, directrice de Programmes du Development Alternatives Group basé en Inde, a déclaré à l’agence de presse IPS qu’il y a eu de désaccords persistants sur le concept d’ « économie verte » et sur « sa pertinence et son sens pour le monde du Sud », qui répondaient à des « préoccupations liées à la création de moyens de subsistance durables ».
D’autres domaines de divergence, selon Niazi, ont inclu la question de l’équité, les modes de consommation et de production du monde du Nord, la justice sociale (par rapport à l’extraction des ressources des pays en développement), le commerce et le transfert de technologie.
Rio 2012 est la continuité du Sommet de la Terre, tenu dans cette même ville brésilienne en 1992, quand Action 21 et la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement ont été adoptées.
Plus de 120 chefs d’état et de gouvernement ont annoncé leur présence du 20 au 22 juin à Rio2012, ainsi que 50 000 représentants d’autorités locales, d’ONG, de jeunes et de peuples autochtones, d’entreprises, entre autres.
La société civile en état d’alerte
Dans une lettre conjointe envoyée le 16 avril aux ministres de l’environnement de l’UE, les organisations Eurostep, Réseau des ONG arabes pour le développement (ANND), Social Watch, TWN et l’Association latino-américaine d’organisations de promotion (ALOP) ont averti que « l’économie verte telle que présentée par l’UE, tout en favorisant des pratiques plus écologiques, repose toujours sur un modèle de développement non durable basé sur la croissance de la consommation matérialiste et sur des activités financières et économiques sans une régulation ou une équité suffisantes ».
« Les positions de certains membres de l’ONU, y compris ceux de l’UE, servent à saper certains principes fondamentaux et droits convenus, même si ceux-ci ont été élaborés et acceptés au cours des années dans le cadre multilatéral, représentatif et démocratique des Nations Unies », explique la lettre. « Ces principes ont également contribué à forger une compréhension commune sur le développement durable et les moyens pour y parvenir entre un large éventail de parties prenantes. À cet égard, les tentatives de s’éloigner de ces principes sont un énorme recul. Dans ces moments cruciaux, il est tout simplement inacceptable que certaines parties prenantes mettent l’accent sur la préservation d’intérêts étroites et à court terme et sur l’essai de démanteler les piliers essentiels du programme de l’ONU en matière de développement, au détriment d’intérêts plus larges et visés sur l’avenir ».
« Les droits humains sont des garanties légales qui contribuent à l’autonomisation des gens, avec des progrès vers l’équité et des garanties d’une protection égale des personnes devant la loi. Ce sont des conditions fondamentales d’un monde durable. Compte tenu du louable engagement de l’UE vis-à-vis des droits humains, avec l’approfondissement de la démocratie, l’inclusion, les approches participatives et le rôle accru des organisations de la société civile dans les processus décisionnels, nous exhortons l’UE d’entendre ces revendications. L’UE se présente comme un jouer qui a un rôle de leader dans la lutte contre la pauvreté, contre le changement climatique et pour la promotion du développement durable. Sa crédibilité dans l’exercice de ce rôle sera jugée sur la base des positions qu’elle adoptera vers Rio2012, mais aussi sur les mesures qu’elle prendra pour atténuer l’impact du changement climatique et pour promouvoir tous les aspects du développement durable dans l’avenir », ont conclu Eurostep, ANND, Social Watch, TWN et l’ALOP.
Ce rapport est basé sur des données provenant des sources suivantes :
- South-North Development Monitor (en anglais) : http://bit.ly/IMFyMN
- Service d’information de l’IISD (en anglais) : http://bit.ly/18FTIx
- Réseau du Tiers-Monde (en anglais) : http://bit.ly/KcmpUN
- Des préoccupations de la société civile au sujet de la position de l’UE vers Rio2012 (en anglais) : http://bit.ly/ISsogf
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